Pourquoi l’e-commerce ne décolle t-il pas en Martinique et en Guadeloupe ?

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26 August 2018

5 min de lecture

Il y a 10 ans j’ai décidé me spécialiser dans l’e-commerce car j’ai toujours pensé que c’était l’avenir. Que le service et que les produits devraient être facile à commander et à être consommés.

Début des années 2000 voire peut être même un peu avant depuis la Martinique,  j’avais déjà fait des commandes de livres sur Amazon en passant par Wanadoo…Il n’y avait donc aucun doute pour moi que c’était LA voie !

Et pourtant nous étions encore loin du monde des réseaux sociaux et du marketing digital en tout cas par comme on l’entend aujourd’hui.

En 2007 en faisant ce choix, j’avais toute confiance dans une issue professionnelle même en local, lors de mon futur retour en Martinique. Oui cela me paraissait aussi évident de rentrer chez moi en Martinique après quelques années over the sea.

15 ans plus tard où en-est le e-commerce aux Antilles Françaises ?

Volontairement lors de la rédaction de cet article, je ne ferais pas de recherche pour effectuer un listing des sites e-commerce qui existent en local ou non.

Pourquoi ? Que je ne sois ou non la cible directe de tel ou tel site l’on a pas à effectuer une recherche au préalable. Cela doit être naturel lors d’une recherche sur Google ou être un réflexe de consommation. Je dois acheter telle ou telle chose, je me rends sur le site de la marque ou du magasin pour commander. Et ce, même si je me déplace ensuite pour le récupérer. (Click and Collect)

Qui aujourd’hui aux Antilles Française a comme réflexe de commander en ligne même pour une consommation locale ? Très peu ou personne.

Quand l’on voit que, dans certains endroits du monde l’on peut se faire livrer des produits frais en quelques heures ou minutes le gap est grand.

Bien sûr, chaque marché a son niveau de services et d’offres mais qu’avons nous nous ? Et pourquoi n’en avons nous pas plus ?

Les grands groupes et la grande distribution

La faible concurrence limite l’innovation

Comme tout le monde le sait, la concurrence aux Antilles Françaises est utopique. Les grands groupes s’entendent entre eux, quand ce n’est pas le même groupe qui détient plusieurs marques du même secteur.

De ce fait les acteurs économique locaux ne se sentent pas menacés (en tout cas pas encore), ils ont le champ libre économiquement parlant. Les consommateurs n’ont que peu de choix, et ce, quel que soit le domaine. Mobiliers, automobile, vestimentaire, alimentaire .etc.

Cela est très visible sur l’automobile,  la personnalisation est très subtile car ce sont les mêmes voitures qui sont commandées pour le stock local, car le Martiniquais ou  le Guadeloupéen on sait exactement ce qu’il veut. (Du moins on ne lui donne pas trop le choix). Modèle blanc avec telle finition et c’est réglé !

A quoi bon investir des centaines de milliers d’euros sans créer un chiffre d’affaire incrémental ?

Cela correspond très bien à la plus grande citation du début du 20ème siècle d’Henry FORD qui nous disait la chose suivante :

Les gens peuvent choisir n’importe quelle couleur pour la Ford T, du moment que c’est noir

Alors cela ne veut pas dire que les grands groupes ne veulent pas y aller où n’y croient pas. Mais à quoi bon investir des centaines de milliers d’euros d’euros si on ne crée pas un chiffre d’affaire incrémental ? Pourquoi se réinventer si l’on ne sent pas menacé ?

Hormis les visionnaires, tout le monde restera dans cette posture conservatrice, jusqu’à ce que le danger se fasse sentir. Et malheureusement les visionnaires ne sont pas légion par ici.

Le danger viendra c’est sûr, il viendra sûrement d’ailleurs et cela il faut l’avoir bien en tête. Aujourd’hui les GAFANU (j’ai rajouté Netflix et Uber) sont les concurrents de toutes les entreprises locales et ce dans plein de domaines. Uber est présent à Trinidad et Netflix est devenu un vrai réflexe de consommation.

Aujourd’hui si l’on souhaite un livre on pensera plus à Amazon qu’à la Librairie Antillaise. Si l’on souhaite acheter une pièce automobile l’on pensera plus à Oscaro qu’à Ho Hio Hen Automobile c’est une réalité.

C’est une réalité valable dans tous les secteurs et il faut que tout le monde en prenne conscience, ces principaux acteurs en priorité bien sûr !

Des franchises, des franchises et des représentants de marques

Malheureusement dans nos territoires nous n’avons pas de marque locale forte et reconnue. Ce que j’entends par là nous n’avons pas créé un produit ou un service, qui est aujourd’hui connu de la grande masse de ce monde. Nous n’avons pas créé de Netflix par exemple. Mais qu’est-ce qui nous a empêché de le faire ?

Au départ Netflix n’était qu’un loueur de K7 et de DVD comme nous en avions plein en Martinique. (D’ailleurs Netflix continue à louer des DVD, et cela leur rapporte des millions !) C’est typiquement le genre d’idées et d’entreprises qui aurait pu être martiniquaises. Rien ne l’empêche. La créativité et l’innovation n’est pas contrainte par un territoire mais par un état d’esprit.

La créativité et l’innovation n’est pas contrainte par un territoire mais par un état d’esprit

Netflix livre encore des DVD et cela génère des millions !
Netflix livre encore des DVD et cela génère des millions !

Nous avons beaucoup de franchises, ou de représentants de grandes marques françaises ou internationales (mais sous tuteurât métropolitain). De mon point de vue la conséquence sur l’e-commerce est donc directe.

Quand Hyper U lance son site e-commerce, il passe directement par le national. Quand Renault lance son nouveau site avec la nouvelle charte constructeur ils font de même.  Habitat qui s’est installé il y a quelques années en Martinique, cela sera encore la même démarche.

Cela s’appelle faire un site en « Marque Blanche ». Le national développe une espèce de macro plate-forme, étant déjà connectée au système d’informations partagé, mais permettant de configurer les spécificités de chaque territoire :

  • Animation commerciale
  • Prix
  • Taxes
  • Catalogue produits
  • Logistique
  • Deux trois modules spécifiques au besoin
  • .Etc

C’est une solution de facilité qui permet d’économiser beaucoup de temps et forcément beaucoup d’argent mais…ce sont des investissements qui ne se font pas en local.

Quel est l’impact sur les entreprises digitales locale pouvant accompagner dans le e-commerce ?

Je ne rentrerai pas dans cet article dans les coûts liés à un site e-commerce. Je renverrai juste à l’analogie suivante :  Combien coûte un magasin physique ?

La plupart des acteurs ayant les moyens de se payer un site e-commerce digne de ce nom, sont les mêmes étant représentant de marques. Donc les mêmes pouvant jouir des sites en « Marque Blanche ».

De ce fait une grande partie des investissements liés à ces projets e-commerce, ne sont pas fait en local mais au national.  Alors vous me direz,  oui c’est normal c’est plus simple pour eux. Oui…et….non…pourquoi ?

Quand l’on se lance dans l’e-commerce cela impacte l’ensemble de son organisation. Les métiers de l’ensemble des collaborateurs seront impactés, il y aura alors une vraie mutation.

Cette mutation doit être appréhendée et accompagnée par une phase de conseil. Ce conseil, lui, aurait pu être fait par des entreprises locales.

Car dans ce cas, l’on travail sur de l’humain, sur des processus, sur un secteur d’activité, sur un domaine qui est le web et l’e-commerce. L’on peut trouver ces compétences aux Antilles Françaises, alors pourquoi payer un consultant de l’hexagone ?

Ce consultant de l’hexagone, qu’il faudra faire venir, loger, payer au prix national .etc

Alors je pose la question…Pourquoi ? Pensez-vous que ces profils n’existent pas en local ? Pensez-vous qu’ils ne soient pas assez bons ? Ou autre ?

Et les pure player dans tout ça ?

On essaiera de consacrer un article dédié aux Pure Plalyer dans le futur !

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