Deux artistes Martiniquais réunis autour d’une collaboration artistico-gastronomique

Gribouilliz et Yanis_972 se sont retrouvés au cours d’une collaboration artistico-gastronomique. C’est la première fois que j’ai l’occasion d’écrire ce genre d’article pour mon blog et j’en suis vraiment très heureux.

Cela fait plusieurs mois que je les suis sur leur compte Instagram. Je suis complètement fan de leurs oeuvres, aussi bien de l’expression artistique dégagée par leurs créations que de la qualité transmise. La façon dont ils s’expriment est celle que j’aimerai exprimer si j’évoluais dans leur domaine. Le professionnalisme parle de lui même.

Ces deux Martiniquais sont installés au Canada et plus précisément à Montréal depuis plusieurs années. C’est d’ailleurs ici à Montréal où je me trouve actuellement que l’on a pu réaliser cette rencontre artistique.

Ceux qui liront cet article ne les connaissent peut-être pas et le but ici est de mettre en avant deux talents hors du commun de notre île la Martinique.

Je vais vous en dire un peu plus sur ces artistes, qui sont-ils ? Quel est leur parcours (sans tout dévoiler 🙂 ) ? Pourquoi avoir fait cette collaboration ?

Qui est Gribouilliz ?

Gribouilliz de son vrai nom Johanna REYNAUD est une artiste Martiniquaise installée à Montréal depuis 19 ans. Son premier dessin elle l’a réalisé à l’âge de 6 ans ! Il doit encore exister quelque part (nous partirons bientôt à sa recherche). Elle avait dessiné une tahitienne avec des fleurs. Le moment où elle a commencé à dessiner cette jeune tahitienne a été un élément déclencheur, c’est à ce moment précis qu’elle a su qu’elle voulait dessiner, développer son côté créatif.

Durant toute la première partie de sa scolarité elle a continué à dessiner, au collège, au lycée, elle dessinait pour les autres élèves, sur des cahiers ou sur des jeans ! (Certains doivent encore avoir certaines pièces de collection 💵 !)

Après le bac,  elle a entamé des études d’architecte et de design d’intérieur. Un matin c’est le déclic. « Je me suis rendu compte que ma vraie passion c’est le dessin, l’illustration et c’est ce que je voulais faire. Du coup,  j’ai tout de suite arrêter ma formation d’architecte pour commencer une école en illustration ». Au bout de 2 ans très intense elle a pu découvrir le graphisme pour l’illustration.

Et c’est tout naturellement qu’elle a lancé sa société dans laquelle elle réalisait des designs d’identité visuelle ou de site internet. Depuis 2004, elle a commencé à travailler dans les médias pour des journaux. Aujourd’hui, Johanna est Directrice Artistique au Journal de Montréal. Elle est en charge de toute la grille graphique du journal, des shootings pour la section culturelle, de la direction artistique de la maison d’édition adossée au journal, ainsi que de différents projets spéciaux annexes.

Les débuts de Gribouilliz

« En 2012 au cours d’un voyage au Maroc, je suis rentrée dans une galerie, et je suis tombée sur une toile…magnifique, très grande, vraiment immense, en noir et blanc un portrait hyper serré d’une personne, il s’arrêtait à peine au menton et le portrait n’était formé que de triangles et de carrés ».

Cela a été comme une révélation, une véritable épiphanie 💡 ! C’était la découverte du Doodle Art. En rentrant chez elle à Montréal, elle s’y est tout de suite essayé. Elle souhaitait réaliser ce type d’art mais en y incorporant à la fois des éléments de sa culture, mais aussi des éléments de sa personnalité, des choses qui lui ressemblent.

Des semaines durant, elle a gribouillé, gribouillé sur des feuilles de papiers, pour s’essayer, elle remplissait des feuilles entières, en réalisant des oeuvres pour ses amis.

Lors d’une visite dans une boutique de meuble, au cours d’une discussion avec le propriétaire, celui-ci lui propose d’accrocher des toiles dans son magasin. Le deal est simple ! Si ça se vend, ça se vend !

48h plus tard les deux toiles exposées sont vendues 😱 ! C’est le début de l’aventure Gribouilliz qui a trouvé son nom dans les semaines d’essaies passées à gribouiller pour trouver SA technique !

Qu’est-ce qui défini un Gribouilliz ?

Un Gribouilliz est le prolongement de Johanna, en fonction des différentes étapes de sa vie. Il y a tout un ensemble d’éléments qui reviennent sur chaque oeuvre (nous ne dévoilerons pas tout!), qui sont sa signature mais si vous faites bien attention vous pourrez retrouver régulièrement :

• Doigts
• Fusée
• Nuage
• Chapelets
• Lego
• Aile d’ange
• Oeil

Mais Gribouilliz c’est avant tout, l’humilité.

La reconnaissance de son talent

Suite à ces premières ventes tout s’est enchaîné. Recherche de nom, de logo, création des comptes réseaux sociaux. Elle a été dans un premier temps contactée par une galerie de Street Art pour réaliser une exposition, puis ensuite sélectionnée pour le Festival Under Pressure de Montréal.

Pour elle chaque contrat est un cheminement, qui lui permets de développer son art, à parfaire sa technique, de se découvrir elle-même, à gagner en confiance en elle ou encore à apprendre le lâcher prise.

Ce qu’elle souhaite transmettre à travers son travail c’est être bon avec les personnes, donner la même énergie quelque soit le contrat qu’elle est amené à réaliser.

Cet équilibre et cette démarche se ressent sur son compte Instagram que je vous encourage à aller voir.

Montréal a su reconnaitre son talent et ce n’est pas sans raison que les plus grandes marques souhaite collaborer avec elle. (Mercedes, Veuve Clicquot, Heineken, Publicis, Impact Montréal et bien d’autres)

Next step ?

« J’ai été amené à réaliser des oeuvres pour différents supports (cadre de vélo, poupée russes, chemins de table, chaussures, livre de coloriages, corps humain, ballons de foot), mais j’aimerais revenir à mon premier amour, la peinture sur toile ».

Qui est Yanis_972 ?

Yanis est un foyalais d’une trentaine d’années installé à Montréal depuis 5 ans.

Au cours de ses études à Paris, il a été pris d’un sentiment qui touche nombre d’Antillais loin de chez eux : la nostalgie des temps culturels martiniquais. L’ambiance, les mets et les saveurs de Nöel, de Pâques et des autres fêtes sont si uniques.

Il s’est mis à cuisiner pour se remémorer ces saveurs du pays, les senteurs et les odeurs de son enfance.

Yanis est consultant en stratégies d’affaires et en développement économique dans une entreprise canadienne. C’est le week-end qu’il exprime sa vraie passion, la cuisine. Plus jeune, il avait l’habitude de partager un repas dominical en famille. Le fameux repas du dimanche, si important aux Antilles. Celui que l’on prend le temps de préparer, celui dont les odeurs nous réveillent, celui qui donne l’occasion à la famille de se réunir.

Ce n’est donc pas étonnant que ce passionné de cuisine ait décidé de poster sur Instagram, aux alentours de l’heure de déjeuner des plats revisités de chez nous ou des recettes inédites toutes fraichement sorties de son imaginaire créatif.

Son plus lointain souvenir culinaire ?

La voisine de sa mère, celle qui a joué le rôle de grand-mère, se faisait un devoir de lui préparer des gamelles (gratins, marinades, riz au lait, flans, etc.). C’est elle qui lui a donné le goût des plats locaux.

Son plat préféré ?

Riz, bananes jaunes, langoustes grillées, mayonnaise maison ! Ici l’élément le plus important c’est la maison, qui permet de transcender l’expérience culinaire !

Comment procèdes-tu pour créer des recettes ?

Pour créer des plats, il y a tout un processus créatif. Mais la première question qu’il se pose c’est « qu’ai-je envie de manger ce week-end » ? (Nous revenons au fameux repas du dimanche). J’ai envie de me faire plaisir, de faire plaisir à mes proches, mais de quelle manière ?

Phase 1  : La recherche créative

La réflexion commence en début de semaine. Il réfléchit à l’idée, aux ingrédients qu’il a envie d’utiliser ou de manger. Certaines assiettes peuvent aussi l’inspirer.

Phase 2 : Choix de l’idée

Le Jeudi ou le Vendredi, l’idée doit être arrêtée, au moins de façon approximative, avec la liste des ingrédients, car il faut réaliser les courses, et des fois dans différents magasins ! Montréal est riche de sa diversité culturelle. Il n’est pas rare que les courses se fassent dans des épiceries asiatiques, sud-américaines ou haïtienne.

Phase 3 : La préparation

C’est le moment de s’exprimer de laisser court à la créativité, soit dans l’exécution de la recette, mais aussi lors de la phase de dressage. Il dessine des croquis, essaye de réfléchir à la prise de vue… Il s’agit également de photographie culinaire.

Que provoques chez toi le fait de cuisiner ?

C’est une parenthèse dans la semaine, tu improvises, tu t’éclates, tu partages, c’est un moment de relâchement, de détente, de relaxation.

Le plat qui a été le plus difficile pour toi ?

La réalisation de la photo du Burger de Fruit à pain a été la plus compliquée ! 👇🏾

Quelques réalisations de Yanis972

Où vous êtes-vous connu ?

On s’est connu chez un ami commun ici à Montréal sans même connaitre nos projets artistiques respectifs. Puis ensuite principalement sur Instagram on s’est « follow » et on likait mutuellement nos publications.

Gribouilliz : J’ai commencé par voir ses plats puis ensuite j’ai compris que tous les dimanches il y avait des posts, quand moi je partageais des dessins il likait et quand il publiait des recettes je likais et repartageais.

Yanis972 : J’essaye de la soudoyer pour acheter des oeuvres !

Comment est venu cette idée de la collaboration ?

AyDiYoSa en a été l’instigateur ! Lorsque nous avons découvert ces deux artistes dont nous sommes fans, tous les deux Martiniquais, tous les deux vivant à Montréal, il était pour nous capital de créer cette rencontre.

De montrer que la Martinique est talentueuse, que la Martinique est forte, que la Martinique sait s’exporter, qu’elle est reconnue, que la Martinique sait travailler ensemble. C’est tout cela que nous avons voulu mettre en avant dans cette collaboration.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’oeuvre ?

Nous avons avant tout choisi un thème de circonstance lié à la période. Le thème du Carnaval. Le Carnaval pour chacun de nous est un moment particulier.

Pour Gribouilliz c’est la « Joie de Vivre », pour Yanis « La Soupape », pour AyDiYosa « La cohésion ».

Le thème du Carnaval 2020 pour la Ville de Fort-De-France est #BonbonPeyi.

Yanis nous a donc concocté un 🥥🍚 Biscuit, riz au lait, confiture de doucelette coco, lotchio et sirop de batterie 🎉👹.

Gribouilliz a réalisé ce que l’on appelle le backdrop de la photo sur lequel l’on allait déposer le plat réalisé par Yanis.

Nous tenons à remercier Tanbou Bo Kannal, réel gardien du patrimoine martiniquais, nous a aidé dans notre recherche artistique lié au carnaval.

Retrouvez les sur les comptes instagram respectifs :

Gribouilliz : https://www.instagram.com/gribouilliz/

Yanis_972 : https://www.instagram.com/yanis_972/

Vous retrouverez prochainement une petite vidéo sur notre chaine IGTV ! Stay Tuned !